Cette semaine, j’écoutais la merveilleuse émission de radio “Boomerang” avec Augustin Trappenard sur France Inter.
L’invité est Thomas Lilti, médecin mais aussi réalisateur et scénariste. Il publie un livre “Le serment” dans lequel il revient sur son parcours.
Je vous partage ces mots écrits pour l’émission (à 27min). Ils me touchent, ils résonnent en moi.https://www.franceinter.fr/…/boomerang-18-janvier-2021
Rien ne sert de rechercher le résultat à tout prix, la performance, l’utilité et la vérité surtout. Les médecins ou tout professionnel de santé ont des connaissances théoriques mais quel est l’intérêt d’avoir raison sur son diagnostic, de faire entendre raison au patient…? Se sentir légitime, utile en tant que sachant et soignant?Mais prenons nous vraiment le temps de connaître les besoins de l’autre, de l’entendre, de lui répondre ?
La vérité des symptômes n’est peut être qu’une conséquence à un mal plus profond, une étiquette à apposer sur un produit en besoin de réparation, dans une société qui jette les hors d’usage, les hors service et les non-conformités.
“Le soin est un échange” comme il conclut.
Cela me fait penser également à une expérience récente.
Dernièrement, j’ai été confronté à un accompagnement où la famille était en demande de performance, d’une amélioration rapide de l’état de santé, des capacités motrices et cognitives de son parent atteint d’Alzheimer. J’ai été confronté à un déni de la maladie, du deuil à effectuer et d’une volonté farouche de retrouver la situation d’avant en stimulant encore et encore le cerveau endommagé du parent.
Dans notre société, qui va vite, où nous devons produire quelque chose pour exister, il est difficile de concevoir que prendre soin de l’autre peut se produire dans les silences, par une main tenant une autre main, par un câlin, par une musique, par un échange non verbal.
Nous apportons du soin par notre échange de vibrations, d’émotions, de regard. C’est le lien qui créé la thérapie, dans le processus de mieux-être.
Soigner, c’est prendre soin de l’autre, à son rythme et en fonction de ses besoins, non pas pour le rendre comme on aimerait qu’il soit, qu’il redevienne, mais pour qu’il soit ce qu’il est présentement, quoiqu’il ait été…
Soigner, c’est aussi accepter que l’autre soit différent, écouter sa différence pour pouvoir lui donner ce dont il a besoin, si nous sommes en capacité de lui offrir. Et ce processus peut prendre du temps…
Nous ne demandons pas aux arbres d’être fleuris en hiver.
Nous ne les blindons pas non plus d’engrais quand ils vieillissent et qu’ils ne donnent plus autant de fruits qu’avant.